Rouflaquett(e)

lundi 16 novembre 2009

Il est cirhose mon nouveau corps #2





J’écrivis un résumé :

« Il est Cirrhose Mon Nouveau Corps c’est l’histoire d’un foie. Au début tout
fonctionnait pour le mieux. Les organes travaillaient correctement. Les rendements étaient encourageants. Chaque employé tenait un rôle précis dans la chaîne. Le coeur pompait, les reins filtraient, les poumons soufflaient. Le bon déroulement de la production d’énergie suivait son cour. Les déchets s’éliminaient par l’intermédiaire de l’intestin puis du colon et étaient évacués par l’anus. Un jour, une canalisation explosa et le foie se retrouva la merde collé au visage. Le foie commença à se laisser aller et pris conscience de sa condition d’organe producteur de bile. Il ne l’accepta pas. Le foie fit dérailler le corps qui l’abritait et mis un terme à ses jours. »

Je le présentai à F.F. Un camarade avec qui je partageai et partage toujours l’ambition terrible et démesurée du quart d’heure de célébrité de Warhol, qui s’est désormais condensé en une quinzaine de seconde sur internet. Nous voulions communier dans la réalisation d’images et travailler autour du langage, notion aussi vaste et aride que la Lune. Il me rit au nez et m’encouragea à ne pas me satisfaire d’idées et d’images puériles. Je fus prié de revoir ma copie. Nous entamâmes un dialogue qui à l’heure d’aujourd’hui continue encore et devrait dans un futur assez proche être retranscrit sur une cinquantaine de pages et imprimé sur du Popset flamand rose (deuxième partie d’). Nous révisâmes L’Histoire de Melody Nelson de Serge Gainsbourg et quelques autres morceaux, pour l’esprit. Nous regardâmes quelques représentations du Martyr de Saint-Sébastien et Anonciation(s), notamment celle de Mantegna, pour le coeur. J’encourageai F.F. (graphiste de sa profession, tantôt sculpteur ou peintre à ces heures d’ARTT, de vacations et perdues) à découvrir le travail original de Ruppert et Mulot ou celui de Chris Ware, alors qu’il me parlait d’Hirschorn et de Rem Koolhass. Il est Cirrhose Mon Nouveau Corps répondrait à la consigne en lui faisant un pied de nez suivit d’une boutade, en somme un croche-patte. Nous nous engouffrâmes dans la réalisation d’un cahier de dessins. Nous présenterons la vie d’un foie à la manière d’une passion. Nous réaliserons douze dessins de foie comme douze tableaux (avec storia et composition). Ce sera à la fois douze dessins différents d’un organe et douze fois le dessin du même personnage. Mais le Foie prendrait conscience alors même qu’un dialogue (sous sa représentation) chercherait à le définir, le présenter, le présentifier (processus par lequel un objet est rendu présent sous forme d’une image).

2 commentaires:

Blogger Riggs et Murtaugh a dit...

C'est une drôle d'expérience que de te lire mon cher V, qu'il s'agisse de tes planches ou de tes textes.

En tout cas je crois comprendre de quoi tu nous parles...

...mais il m'arrive de me tromper.

17 novembre 2009 à 19:01  
Blogger Valentin Szejnman a dit...

Non, non, tu ne te trompes pas. J'essaye; je tente effectivement de vous parler de ma voix de stantor, mais il n'en sort à peine quelques chuchotements de réflexion. Un jour je grognerai puis je rugirai.

18 novembre 2009 à 09:19  

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